Petite réflexion sur l’architecture de l’enfermement, qui vient en réponse aux différentes évolutions des concours publics et de la situation grave du système carcéral francais…
Architecte ayant pas mal bossé sur les projets 4000 et sur les EPM ( établissements pénitentiaires pour mineurs), et vu plusieurs expériences internationales, je peux d´ores et déja dire que la politique actuelle des projets de construction de prisons est un vaste écran de fumée. On présente une pseudo qualité architecturale des projets qui ne changera rien aux problèmes actuels liés à l’enfermement,à part eventuellement courir après des places de cellules individuelles et lutter contre la surpopulation. Bref: on construit des bâtiments plus agréable a l’oeil de l’architecte ou plus communiquants en terme d’image, mais dont la finalité reste identique, et l’efficacité similaire à ce qui se faisait il y a 40 ans ( fleury-mérogis…). Le système ne remet en effet pas en question la prise en charge des détenus par rapport aux prévenus, la position philosophique de l’état vis à vis de l’enfermement, et pour terminer l’incapacité à expérimenter.
Il y a 3 postulats essentiels à cette réflexion:
1. L´administration pénitentiaire ne résoudra pas le problème de la réinsertion sociale des détenus tant que le sytème judiciaire ne différenciera pas les catégories de détenus,à savoir les prévenus et les condamnés principalement (donc remise en cause complète du système des maisons d´arrets actuel ou les prévenus côtoient les détenus condamnés).
2. L´administration pénitentiaire ne pourra efficacement résoudre la quadrature du cercle tant que son « esprit » et l´esprit régalien de la justice en France (et donc sa compréhension par les citoyens) ne fera pas le chemin « privation de liberté » vers « réinsertion ». Le but de l´enfermement ne doit plus être éloigner de la société mais tout mettre en oeuvre pour réinsérer. La société doit comprendre cela si elle veut trouver un jour une solution. Un détenu sort toujours de prison, et la période de détention devrait être un compte à rebours vers une réintégration réussie, plutôt qu’une montée vers l’enfermement.
3. La justice doit savoir expérimenter et apprendre à le faire : elle doit sortir de son inertie pour innover,tester,et comprendre qu´il peut exister d´autres solutions que le modèle 600 places/ 3 miradors / 220m de coté avec terrain de football obligatoire. Elle doit pouvoir tester différentes façon de priver de liberté,sans avoir à sytématiser à chaque fois les changements pour les obtenir. La justice doit apprendre la souplesse,comme le logement a pu le faire,comme l´hopital a pu le faire…Intéressons nous d’avantage aux exemples des autres pays! Expérimentons à petite échelle sans forcément forcer l’ensemble du système à évoluer en bloc.
L´architecte qui s´intéresse aux prisons est aujourd´hui chargé de relooker un système obsolète et qui n´est plus adapté à un monde nécessitant la souplesse et la rapidité de réaction. Il aura beau mettre son énergie,son optimisme et compassion dans ses propositions,elles ne seront que vaines si elles ne consistent qu´à habiller dans le gout architectural du moment une programmation désuette,et vouée à l´échec social sur le long terme. N.